En tant que décoratrice d’intérieur, j’assiste à une transformation notable dans notre profession. C’est une réalité que nous ne pouvons plus ignorer : nous devons décorer différemment. L’adoption des produits de seconde main devient une tendance incontournable, non seulement par nécessité économique mais aussi par conscience écologique.

Décorer autrement…

La décoration de seconde main a beaucoup à offrir. Tout d’abord, l’authenticité. Chaque meuble, chaque objet que vous choisissez a une histoire, un vécu qui lui confère une singularité unique. Loin de l’uniformité des articles produits en masse, les objets chinés injectent une véritable personnalité à nos intérieurs, tout en créant un décor qui évoque le charme intemporel et le côté chaleureux.

Ensuite, l’aspect économique. Chiner permet de dénicher des pièces de grande qualité à des prix souvent plus abordables. Ces économies peuvent alors être réinvesties pour personnaliser davantage votre espace ou encore faire appel à des artisans locaux pour des travaux de rénovation, soutenant ainsi l’économie locale et mettant à niveau votre habitat en terme d’isolation par exmple.

Enfin et surtout, l’aspect écologique. En optant pour des articles de seconde main, nous réduisons l’empreinte environnementale de nos projets. C’est une façon concrète de contribuer à l’économie circulaire, de réduire la demande de nouvelles ressources et de diminuer la quantité de déchets. C’est un geste significatif pour protéger notre planète.

Le seconde main n’est pas seulement une tendance, c’est une philosophie. C’est une invitation à repenser notre rapport à la consommation, à valoriser l’existant plutôt que le neuf, à prendre soin de notre environnement tout en créant des intérieurs beaux et uniques.

Alors, sommes-nous prêts à décorer autrement ? Je pense que oui, et plus que jamais, c’est urgent. Choisir le second-hand, c’est choisir l’authenticité, l’économie et l’écologie, c’est opter pour un futur plus durable, sans compromis sur l’esthétisme.

D’ailleurs je vous conseille la lecture de mon article comment réussir sa déco chinée

Sommes nous prêts pour une seconde vie?

Durant son enquête semestrielle, Maison&Objet sonde les professionnels de la décoration, du design et de l’art de vivre sur la tendance du marché et des sujets d’actualité. En avril 2023, 1207 marques, distributeurs, designers et restaurateurs ont répondu à une enquête en ligne.

Le premier fait marquant de cette 6ème édition du baromètre est un regain d’optimisme. Il met aussi en lumière l’expansion du marché des produits de seconde vie et leur adoption par nos industries.

Le marché mondial du meuble d’occasion pourrait s’élever à 47,5 milliards de dollars en 2025. Certains distributeurs ou sites en ligne ont créé leurs propres plateformes d’outlet pour revendre les meubles d’exposition, les retours et les invendus. Il est maintenant courant de voir des objets neufs et d’occasion côte à côte dans les magasins de décoration. De grandes marques, par exemple, récupère et restaure maintenant des exemplaires de seconde main de leur pièce iconique, avant de les remettre en vente.

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Le marché semble inévitablement se diriger vers l’adoption de la « seconde vie ». Les termes « recyclage » et « upcycling » sont désormais couramment utilisés dans le secteur de la maison. Cependant, tous les acteurs de l’industrie sont-ils prêts ou même désireux d’adopter ces nouvelles pratiques?

Une demande en hausse

Qu’il s’agisse de distributeurs, de designers ou de marques, la demande est présente. 80% des professionnels sondés notent un intérêt croissant de la part de leurs clients pour les produits recyclés, 72% pour les produits upcyclés et 63% pour les objets d’occasion. Dans le domaine de la décoration, les clients recherchent l’unicité sans se ruiner, d’où le succès des objets de seconde main upcyclés. On voit qu’il y a un véritable marché pour ces produits ‘rassurants’ qui sont remis au goût du jour. La réutilisation est vue comme un atout. C’est une tendance en pleine croissance et très positive ».

64% des distributeurs estiment qu’il sera essentiel d’inclure des produits de seconde main
dans leurs offres, contre 41% en octobre 2021.

Une offre établie

9 prescripteurs sur 10 intègrent dans leurs projets d’aménagements des produits de seconde-vie
Par produits de seconde vie on entend : les produits fabriqués à partir de matériaux/matières recyclés
Mais aussi mes produits upcyclés ou encore les produits de seconde main/d’occasion

Nous, les designers, les architectes d’intérieur et les décorateurs, semblons être les plus investis et concernés par ces produits de seconde vie. 95% d’entre nous intègrent des produits fabriqués à partir de matériaux recyclés dans nos projets, 89% des produits upcyclés et 83% des objets et meubles d’occasion. Du côté des distributeurs, cette offre est en nette progression. 89% d’entre eux affirment vendre des produits en matériaux recyclés (dont 43% le font toujours ou régulièrement), et 68% des produits upcyclés (dont 30% systématiquement ou régulièrement). De plus, 68% des marques indiquent qu’elles commercialisent des produits fabriqués à partir de matériaux recyclés, et près de la moitié (47%) des produits upcyclés. Il reste à déterminer si la production et la distribution peuvent encore se développer de manière significative, compte tenu des obstacles identifiés.

Des obstacles identifiés

Pour les produits upcyclés, 52% des marques signalent des difficultés de production et/ou d’approvisionnement, citant principalement une demande insuffisamment développée, la difficulté à établir un réseau ou à trouver des contacts spécialisés, et un approvisionnement limité. La disponibilité limitée des matières premières et la complexité des techniques de production sont citées comme les principaux freins au développement d’une offre de produits recyclés.

De nouveaux métiers doivent être créés pour simplifier les processus : savoir quels matériaux sont stockés, où et en quelle quantité, afin de les optimiser au maximum et d’imaginer une nouvelle vie adaptée pour eux.

Identifier les produits écologiques : un vrai défi

Quand on est au démarrage d’un vrai mouvement, on ne peut souligner la difficulté d’identifier les produits durables, il est important d’avoir davantage de transparence et de clarté de la part des fournisseurs de matériaux et de meubles concernant l’origine de leurs matières premières et leur engagement écologique. C’est un aspect crucial qui n’est pas toujours facile à prioriser, car la recherche approfondie sur le sujet est très consommatrice de temps. A quand un véritable répertoire de fournisseurs « verts » et un guide des bonnes pratiques.

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L’offre/demande encore à équilibrer

Le coût demeure un obstacle majeur à l’adoption des principes écologiques par les consommateurs. Si seulement on privilégiait la durabilité au prix, on achèterait quasi même tous que des produits durables. C’est un défi majeur d’accepter et de faire accepter des prix légèrement plus élevés pour les produits recyclés ou écologiques. Mais le jeu en vaut la chandelle non?

Les consommateurs ne sont pas les seuls à être confrontés au coût de l’engagement écologique. La seconde main et le réemploi sont des domaines qui nous intéressent beaucoup, mais ils coûtent aussi cher, voire plus cher, que les produits neufs car ils nécessitent plusieurs intermédiaires et donc plusieurs marges avant d’arriver au client. Sans parler du temps passé à chiner et de la logistique!

La seconde main, un cas à part

Pour les marques, le marché de la seconde main n’est l’affaire que d’une petite fraction (25% des personnes interrogées). 32% le voient comme un marché de niche et, bien que 70% d’entre elles trouvent facile de sourcer les produits, 26% mentionnent les contraintes logistiques de leur retour.

Si l’occasion offre un terrain de jeu intéressant pour les prescripteurs, elle l’est moins pour les distributeurs. Alors que la plupart des architectes et décorateurs d’intérieur intègrent des produits de seconde main dans leurs projets, moins d’un détaillant sur deux (48%) les propose à la vente, dont 26% de manière occasionnelle.

Pour ces acheteurs professionnels, 64% d’entre eux se tournent vers les antiquaires, les brocantes et les marchés aux puces pour s’approvisionner, tandis que 60% utilisent les plateformes en ligne. Bien que 60% estiment que l’offre de produits d’occasion est facilement accessible, 45% trouvent que la recherche est longue et laborieuse et 36% regrettent le manque de quantité ou de volume, en particulier pour certains produits tels que les revêtements de sol et de mur, les textiles ou encore les articles d’extérieur.

La seconde main, un atout pour se différencier

L’enjeu de cette offre de seconde main est perçu par 81% des acheteurs comme un moyen de se différencier de leurs concurrents. Cette distinction passe par la recherche de pièces uniques ou iconiques pour 59% d’entre eux, en particulier pour les prescripteurs (64%). Le « charme supplémentaire » que la seconde main confère au produit est le deuxième facteur cité. Cependant, l’intérêt principal, partagé par les prescripteurs et les distributeurs, est l’inclusion de produits de seconde main dans une démarche plus écoresponsable.

Malgré les obstacles rencontrés, les professionnels de notre secteur prennent de plus en plus conscience de l’importance d’intégrer ces produits atypiques dans leur pratique : 64% des distributeurs et 90% des prescripteurs estiment qu’à l’avenir, il sera crucial de proposer des produits de seconde main dans leurs projets ou à la vente. En 2021, ils n’étaient respectivement que 41% et 76% à partager cet avis.

Le résultat de ce baromètre est plutôt de bonne augure!

Ici l’article complet de cette étude sur le site de maison-objets

Est-ce que le seconde main, les objets chinés et l’occasion font partie de vos achats en terme de déco? parlez moi en commentaire de vos expériences 🙂

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